Publié le
28 octobre 2020
Sébastien, FX Artist

Après sa formation Effets Spéciaux, Sébastien Bance a travaillé en France, avant de s’envoler pour le Canada. Après une expérience d’Artist FX chez Reel FX à Montréal, il a ouvert sa propre structure « Bance.Inc ». Il travaille à présent comme sous-traitant pour de nombreuses compagnies d’effets spéciaux.

ISART BLOG : Quel est ton métier de FX Artist ?

Mon travail commence par la réception d’un plan, que ça soit un plan d’animation 3D ou un rush filmé, ainsi que de consignes de mon Superviseur sur les attentes du client.
Parfois l’effet que je dois mettre en place est destiné à être utilisé dans plusieurs plans, alors je dois créer une procédure qui pourra être réutilisée par d’autres graphistes. Il est important de créer rapidement une première version de l’effet afin d’avoir une base de discussion qui permettra de définir le look de l’effet, en accord avec ce que veut le client.
Puis ensuite on réalise une deuxième version, puis une troisième, etc. tout en échangeant avec le Superviseur ou directement avec le client, jusqu’à ce que ce look soit approuvé.

Il arrive que le client décide de modifier des éléments qui ont été réalisés avant l’effet que je met en place (par exemple une animation, un mouvement de caméra, l’aspect d’une créature, etc.). Dans ce cas il est important de pouvoir ajuster très rapidement mon effet afin de pouvoir recalculer une nouvelle version dans les meilleurs délais.

Pour accélérer tout ce processus nous travaillons majoritairement avec Houdini, car c’est un logiciel procédural par nature. Créer un effet dans Houdini c’est comme concevoir une chaîne de montage dans une usine. Une fois que cette chaîne de montage est finie, on met une pièce au début du tapis roulant et on obtient le résultat à la fin de la chaîne. Du coup si le client décide de changer la pièce en entrée, il suffit de la faire repasser par la chaîne de montage pour obtenir le nouveau résultat en sortie.
Certaines sociétés utilisent des logiciels propriétaires à la place d’Houdini (c’est-à-dire des logiciels qu’ils ont développés en interne) ou alors Maya pour des effets simples.

Pour que mon travail soit validé, je dois également mettre en place les matériaux, l’éclairage et réaliser le rendu de mon effet. Les moteurs de rendu les plus utilisés en ce moment sont Arnold et Renderman. Bien que ces étapes semblent périphériques à la réalisation de l’effet, elles sont primordiales car elles permettent de faire l’interface avec les autres départements (Lighting, Compositing). La communication est essentielle pour connaître les besoins des autres graphistes et faire en sorte qu’ils puissent réaliser leur travail le plus efficacement possible.

IB : Quels sont les plaisirs et difficultés de ton métier de FX Artist ?

Les plaisirs sont les difficultés, c’est cela qui est le paradoxe. Il n’y a rien de plaisant à ne faire que des tâches répétitives. Le plaisir est lorsque que l’on nous soumet un défi, que l’on nous pousse à aller plus loin, tout étant bien dirigé artistiquement. Car sans direction artistique claire, on tourne vite en rond.

En cela des compagnies comme ReelFX sont excellentes. Le planning étant un peu plus détendu en animation, nos taches sont réparties entre tâches répétitives, car il faut bien les faire, et petits défis. Je trouve cela très stimulant et instructif.

IB : Quel a été ton parcours professionnel pour devenir FX Artist ?

Pendant les études, j’ai fait des jobs de design et des courts-métrages. A la fin des études, j’ai commencé directement chez Buf à Paris. Le studio avait besoin de beaucoup de personnel pour des projets en cours. Après une formation interne pour apprendre tous leurs outils, j’ai commencé sur “Allegiant”, “The Shallows” et la série “Sleepy Hollow”. Ainsi que du travail de placement d’effets, de rotoscopie et du compositing. Ensuite j’ai continué en auto-entreprise pour Tout’ouie, une agence de production audiovisuelle et Small, une agence de communication digitale.

Ensuite j’ai été contacté par MPC pour aller travailler à Montréal. Malgré le fait de devoir passer par leur académie, cela m’a été bénéfique : j’ai enchaîné des blockbusters, entouré de très bons seniors auprès desquels j’ai appris des secrets de production, que l’on apprend que sur le floor.

IB : Te voici au Canada ! Était-ce un rêve d’enfant ?

Les Amériques, c’était mon rêve d’enfant puis mon objectif d’adulte. C’est un endroit d’opportunités et de dynamisme incroyable, il suffit seulement de chercher.

Le mélange des cultures permet de relativiser et de constater les différents ressentis à travers le monde. Ici les artistes viennent des quatre coins de la planète, et nous informent sur la situation de leur pays bien mieux que les médias et de manières bien plus intéressante.

Cela implique un bon niveau d’anglais oral et écrit. Car tous les meetings et feedbacks sont donnés en anglais, le plus souvent avec un fort accent américain.

IB : Que voudrais-tu dire à ceux qui souhaitent se former à un métier FX ?

  • Définitivement, apprenez l’anglais.
  • N’ayez pas peur de l’échec et montrez votre travail le plus tôt possible pour avoir des retours AVANT d’y avoir mis trop d’énergie pour rien. Vous n’êtes pas dans la tête de votre client et lui-seul décide de ce qui est bien pour le film.
  • Acceptez les mauvais retours (le client est roi).
  • Ne faites pas de tutoriel à outrance, si vous n’avez pas d’objectifs précis. Il n’en résultera qu’un travail impersonnel que vous oublierez très vite.
  • Sachez scripter au minimum en Python ou en VEX, cela vous aidera grandement.
  • Et enfin, ne négligez pas les autres étapes du pipeline. Les FX ou l’animation se font en équipe. Pour travailler avec les différents départements, il est important de savoir comment ils y travaillent. Cela fera de vous un meilleur artiste, capable de résoudre des problèmes en import et en export, en un mot quelqu’un d’indispensable.

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