Playtests 2013

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En mars dernier, ISART DIGITAL a accueilli l’équipe de « We want to know », venue faire tester son jeu « Dragon Box 2» à des Isartiens futurs game designer, lors d’une journée de playtests.

Retour sur la journée, avec Patrick Marchal, fondateur du studio (à droite de la photo)

ISART BLOG : Bonjour Patrick, de quelle idée est né « We want to know » ?

Le rôle du Game Designer est de fournir au joueur juste ce qu’il faut de challenge pour qu’il vous puisse se dire “je vais y arriver”. Alors le joueur s’accroche, et y arrive… whaou !… et il recommence.
Le joueur est scotché parce que son cerveau pense qu’il progresse, qu’il devient le meilleur.
Grâce à de nouveaux pouvoirs (votre épée devient une épée ++ et fait plus de dégâts), en devenant plus habile (vous visez mieux, êtes plus rapides,..), ou encore en développant une meilleure compréhension et une meilleure stratégie. Ces différentes progressions se retrouvent dans différents types de jeu.
Les meilleurs sont certainement ceux qui font intervenir les trois.
Le projet de WeWantToKnow c’est de montrer qu’on peut fabriquer un jeu qui vous fait progresser dans les sciences et que c’est cette progression qui vous fera prendre plaisir.
Au départ, j’ai développé des prototypes de science physique qui ont montré la validité de cette idée ; les joueurs sont fascinés et apprennent vraiment au cours du jeu. En testant le marché, j’ai toutefois compris que la plus grosse demande vient des Mathématiques. Heureusement j’ai rencontré un professeur de Mathématiques à Oslo en Norvège, qui développe des idées similaires et qui a apporté l’idée du jeu DragonBox.

Nous nous sommes associés avec un excellent développeur, un graphiste et  un sound designer. Cette petite équipe a développé DragonBox en 10 mois.
Parallèlement, nous avons pu faire entrer au capital de hauts dirigeants d’une société Norvégienne de software, qui nous a apporté un soutien marketing, relation presse et financier. Enfin, nous avons recruté récemment deux programmeurs et un graphiste. Au final la moitié de l’équipe est à Paris et l’autre à Oslo.

IB : Votre premier jeu est « Dragon Box ». Pouvez-vous nous le présenter ?

DragonBox est un puzzle game avec des cartes. Le but est d’isoler l’une des cartes, la caisse, d’un des deux côtés de l’écran. L’ambiance est agréable, les cartes représentent de petits monstres et quand on gagne, on voit évoluer son mignon petit Dragon.
(à partir d’ici c’est un Spoiler)

Au cours du jeu, certaines cartes portent des lettres ou des chiffres à la place de dragon et la caisse est remplacée par un x. La transformation est très progressive et tout à coup vous réalisez (pour les plus grands) que vous êtes en train de faire des maths. Ce que vous avez appris avec des monstres s’applique exactement aux équations mathématiques. Vous avez atteint le niveau de 4ième, vous savez résoudre des équations linéaires.

DragonBox vous enseigne à résoudre vos premières équations en 2h.
Et peut-être plus important, DragonBox vous enseigne que pour être bon il vaut mieux voir les maths comme un jeu.

IB : Quel accueil a-t-il reçu ?

L’accueil est enthousiaste. Nous avons une moyenne de 4.6 étoiles sur 5, à la fois sur IOS et sur Androïd.
Et même quelques vidéos de fans postés sur Youtube : ce sont toujours des parents incrédules devant leur enfant de 5 ans qui résout des équations.
Le jeu est disponible en différentes versions (IOS, Androïd, PC, Mac) (www.wewanttoknow.com). Nous avons vendu 75 000 exemplaires. Nous avions une version à 2,5€ et une à 5€. Finalement nous n’avons laissé que DragonBox+ à 5€.
Toutefois, l’accès au marché reste très difficile et est très dépendant du contact presse. Nous avons la chance d’avoir eu de bons articles en Norvège où nous faisons la moitié de nos ventes. Nos ventes décollent doucement aux US. Par contre, en France on reste très peu connu.

IB : Vous êtes Docteur en science cognitive, comment et pourquoi se lancer dans l’aventure du jeu vidéo ?

La réponse va vous plaire. J’ai simplement constaté que pour quelqu’un qui aime l’innovation, qui aime l’intelligence artificielle ou la synthèse d’image, le jeu vidéo était et reste aujourd’hui le secteur pionnier.

IB : Connaissiez-vous l’univers du jeu vidéo avant cela ?

J’ai commencé à programmer des jeux à 15 ans sur un Apple2. Mais je n’ai vraiment commencé à connaître l’industrie du jeu vidéo qu’en y entrant à la fin des années 90.

IB : D’après vous, en quoi le jeu vidéo peut aider à un apprentissage mathématique ?

Le but à court terme de WeWantToKnow est de créer une gamme de jeu qui portera sur l’ensemble du programme de mathématique du collège et du lycée. Puis de passer aux autres matières. Aujourd’hui, et à presque 2 ans de travaux, de tests avec des joueurs de tous âges, je peux vous affirmer que l’enseignement des mathématiques passera par les jeux dans moins de 10 ans.

IB : Vous accueillez 2 étudiants en stage (Adrien et Camille). Quels sont leurs missions ? Que vous apportent leur formation et connaissances en game design ?

Adrien est arrivé il y a 6 mois à la rentrée 2012, au démarrage du jeu “DragonBox2” qui est une extension du premier vers des mathématiques plus poussées. Dans ce cadre, il a participé au Game Design puis au Level Design. Bien sûr, nous (les co fondateurs) avons gardé le pouvoir de décision, mais Adrien sait défendre ses points de vue quand il le faut. Enfin, c’est lui qui a rentré la plupart des niveaux. Je crois qu’il a bien progressé en math:-)
Camille vient de nous rejoindre. Elle doit nous aider à améliorer notre QA. Mais elle participera également au démarrage de nos nouveaux jeux.

IB : Qu’attendez-vous des playtests organisés à ISART ?

La grande difficulté des tests c’est qu’un mini-bug peut tout détruire. Un joueur va être gêné par un accroc dans la musique ou dans une anim, son expérience de jeu sera gâchée et son retour risque d’être totalement inutilisable. Les étudiants en jeu vidéo, qui ont eux-mêmes fait de tels projets, sont plus capables de passer outre. On peut donc tester un jeu un peu plus tôt dans le process. On peut aussi obtenir des retours plus aboutis, voire des conseils.
A l’issue du test, nous avons engagé un dialogue avec les testeurs. J’avais prévu 15 minutes et dans les deux cessions il a duré 45 minutes. Preuve que c’était intéressant! Et cela a représenté un bon test de validation technique.

Par ailleurs, nous avions vraiment un doute sur la qualité du game play de DragonBox2 qui est plus difficile mathématiquement que DragonBox. Voir ces 20 joueurs, concentrés sur 2H30 et vouloir continuer nous a bien rassuré.
Quand on fait passer le test à une seule personne on peut être induit en erreur. Par exemple, le joueur peut indiquer qu’un chapitre est trop difficile. Mais cette difficulté peut venir de lui ; peut-être a-t-il perdu sa concentration à ce moment, a manqué une info et a dû batailler pour se rétablir.
Avec 20 joueurs, nous avons obtenus des résultats plus dispersés ; quand certains jugent un chapitre trop dur ou trop long, un autre dit le contraire. C’est le signe qu’on est au bon niveau !

IB : Quels ajouts allez-vous faire à Dragon Box ?

Par rapport à DragonBox, DragonBox2 apporte en mathématique :
–        les parenthèses et donc la factorisation,
–        les règles des signes dans les multiplications,
–        les fractions,
–        Le changement de variable

En terme de jeu :
–        un jeu plus léché, avec notamment beaucoup plus d’animations qui permettent de mieux comprendre le jeu
–        10 chapitres là où il y en avait 5 sur DragonBox
–        une aide qui permet de voir la solution quand on est bloqué.
–        une “face B” qui permet de s’entraîner et qui devrait plaire aux professeurs.

Nous allons également rapidement ajouter un éditeur d’équation.

IB : Pouvez-vous nous parler de vos prochains projets ?

Je ne préfère pas car nous en discutons en ce moment même et aucune décision n’est prise. Nous visons des projets pas trop longs (6 mois), vous devriez donc les voir rapidement.

IB : Etes-vous un gamer ? si oui, à quoi jouez-vous ?

Seul, je joue quasi exclusivement aux jeux de stratégie.
Actuellement, je joue à “Battle Academy” sur Ipad. C’est un Wargame à l’ancienne ; j’ai l’impression de bouger des pions de cartons :-).
Sinon, j’aime bien les jeux à plusieurs, je vous conseille WePad sur Ipad *. On peut y jouer à 8 et c’est toujours de très grands moments. Et avec mes enfants on a laissé tomber la Wii pour se remettre à PowerStone sur DreamCast.
*”We Pad”, jeu développé par Thibaud Mallet, ancien étudiant en game design