Eddie, Game Designer au Japon

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Eddie BARREAU, Promo Game Design 2010, est Game Designer pour jeux mobiles et sociaux dans le studio KAYAC au Japon, près de Tokyo !

ISART BLOG : Bonjour Eddie, te voici Game Designer au Japon ! Comment en es-tu arrivé là ?

Ma passion pour le jeu vidéo a toujours été un moteur pour moi, et je pense que c’est elle qui m’a menée à choisir le métier de Game Designer.
Et en ce qui concerne les raisons de mon arrivée au Japon, un intérêt certain pour la culture, l’envie de partir à l’aventure en dehors de la France, et la chance de pouvoir profiter du partenariat ISART / NCC. Mon intention principale en venant au Japon était de trouver un travail, et après 1 an et demi de vie étudiante mon envie n’avait pas changée.
Je me suis donc mis à la recherche d’un emploi en postulant pour différents jobs : Game Designer, Level Designer, QA testeur, Linguistique testeur… La réponse positive la plus rapide pour un entretien fut celle de Kayac suite à ma candidature sur leur site internet pour un poste de Game Designer social et mobile game.

 

 

IB : Peux-tu nous présenter ton studio ?

Kayac est une entreprise d‘environ 200 employés qui crée des sites internet, applications et jeux pour mobiles. Nous venons juste de changer de locaux troquant calme et plage de Kamakura pour le 30è étage d’un building neuf avec vue sur la mer à Yokohama.

La section dans laquelle je travaille réalise ses propres jeux sociaux ou en partenariat avec des plateformes de jeux sociaux ou éditeurs japonais (le secret professionnel m’empêche d’en dire plus, mais les plus curieux pourrons surement trouver).

 

IB : Quel est le marché du travail au Japon ?

Les récents succès des entreprises de jeux sociaux comme Gree, Dena  poussent les grandes entreprises à engager des développeurs pour plateformes mobiles, ce qui vient dynamiser le marché. Ce basculement de stratégie sur les mobiles s’est encore plus ressentie cette année au Tokyo Game Show lorsque les grands éditeurs comme SEGA, CAPCOM, NAMCO BANDAI ont présenté des portages de leurs jeux sur Smartphone (Metal Gear Solid Social, collaboration entre Gree et Konami).
Une grande partie des postes à pourvoir est liée à la production avec une demande très importante de développeurs (ios, android). La demande de Graphic Designer et de Game/Level Designer est plus timide. Il faut savoir aussi que les entreprises japonaises recrutent chaque année de jeunes diplômés pour augmenter les rangs. C’est une philosophie commune à beaucoup d’entreprises qui considèrent qu’elles ne peuvent avancer sans de nouveaux employés (il est malheureusement très difficile de postuler pour les étranges dans ce cas).

 

IB : Quelles sont concrètement tes missions ?

J’ai eu plusieurs, missions depuis mon entrer à Kayac et celles-ci évoluent en fonction des projets et agendas. J’ai été d’abord chargé de la création d’un jeu sur mobile  en tant que Game Designer et Développeur Unity. Je travaillais en binôme avec un Graphique Designer japonais.

J’ai ensuite changé de projet pour rejoindre une équipe en tant qu’Ingénieur Unity sur un jeu de quizz RPG « QuizKingdom »  destiné au marché japonais. Le projet étant de taille plus conséquente (15 personnes environ), je suis entouré de plusieurs Directeurs, un Game Designer, des Ingénieur Serveur, des Graphistes et des Développeurs FrontEnd (Unity, Html).

 

IB : Qu’est-ce qui t’a surpris en arrivant dans le studio japonais ?

La gymnastique du matin a été ma plus grande surprise ! Essayer de vous imaginer le premier jour, retentissement de musique classique, 100 personnes qui se lèvent de leurs sièges pour commencer les étirements, qui sont suivis d’un speech d’un des employés, et la surprise de se rendre compte que l’on prend 30 minutes de travail chaque jour pour cela. Tout le monde doit le savoir les Japonais restent tard le soir, très tard, et chose étrange parfois dorment durant les heures de travail pour ensuite terminer encore plus tard. Ce n’est pas généralisé heureusement, car je ne suis pas certain que cela soit très favorable à la productivité. J’ai aussi effectué un stage dans une entreprise dans laquelle les employés avaient le droit de fumer en travaillant. Comme on trouve tout et son contraire au Japon, je n’ai pas été étonné lorsque j’appris que mon entreprise actuelle n’embauche pas de fumeurs.

 

IB : Quel a été le processus de recrutement ?

On me dit souvent que j’ai eu de la chance de trouver un travail au Japon et j’en suis totalement conscient. Le processus de recrutement au Japon est long, très long. Un élève est souvent recruté 1 an avant la fin de ses études. Le processus comprend dans l’ordre : test, discussion de groupes avec d’autres candidats (facultatif en fonction des entreprises), entretien 1, entretien 2, et parfois un 3eme… Les seules entreprises qui cherchent des étrangers dans leur staff demandent une longue carrière et/ ou un niveau de japonais très élevé. Pour ma part, j’ai eu 3 entretiens dans la même journée à 3 endroits différents (Tokyo, Kamakura) et un entretien final sur Skype (car j’habitais a Niigata). Chance ou pas, dès l’envoi de mon CV, le processus n’aura pas pris plus d’un mois. J’avais fait beaucoup de recherches en amont, des envois ciblés en priorité aux entreprises ouvertes aux étrangers. Le fait de parler japonais et d’habiter au Japon a été un grand plus lors des entretiens (pas besoin d’interprète). Et avoir eu une expérience en France a joué en ma faveur (2 ans de développement  web, 2 ans en contrat de professionnalisation en game design et développement de jeu).

 

IB : Qu’as-tu ressenti quand tu as eu la réponse positive ?

Lorsque on est dans un pays étranger au sien on à l’épée de Damoclès au-dessus de la tête, celle du retour forcé pour faute de visa… En général, après une réponse positive on est content. Dans ce cas-là en utilisant le langage propre au jeu vidéo, c’est champignon, étoiles, combo multiplié par 10 !!

 

IB : Comment tu te projettes dans 5 ans ?

Pour le moment, je souhaite rester au Japon et je ne me projette pas ailleurs. 5 ans dans le jeu social et mobiles ce sera long… alors j’espère d’ici là avoir sauté sur une occasion de travail pour les plateformes de salon.