Leila et Luc-Ewen, Lighter TD chez Cinesite

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Leila et Luc-Ewen, diplomés en Cinéma d’Animation en2010, ont rejoint le studio de production FX Cinesite à Londres pour travailler sur « John Carter ».

ISART BLOG : Bonjour, vous voici à Londres… et à Cinesite…Etait-ce un studio qui vous faisait rêver ?

Leila : Cinesite fait partie des grosses sociétés d’effets spéciaux, ayant réalisé les FX de nombreux blockbusters tels que les films de la série Harry Potter, Prince of  Persia, Narnia et j’en passe. Ce studio me faisait briller les yeux.
Luc-Ewen : Cinesite est une entreprise de longue date dans le milieu londonien des effets visuels. C’est une boite qui a travaillé avec acharnement et brio sur tous les Harry Potter, et Pirates des Caraibes (pour ne citer qu’eux…). Le fait qu’elle fut doublement primée aux Oscars montre l’expertise et le talent que le studio détient entre ses murs.


Harry Potter – Cinesite

IB : Comment avez-vous pris contact avec eux?

Leila : J’ai tout bêtement envoyé un CV et une bande démo par mail et par courrier. Et j’ai longtemps attendu une réponse. Comme j’étais à Paris, on m’a fait passer un entretien téléphonique. L’entretien a été court mais s’est très bien déroulé, j’ai pu discuter avec la Responsable du pole 3D ainsi que le manager RH de Cinesite. Je pense que ma motivation a été l’une des principales raisons qui ont fait que j’ai été engagée. Et j’ai eu beaucoup de chance aussi. Très honnêtement je ne sais pas pourquoi j’ai été choisie…
Luc-Ewen : La responsable des Ressources Humaines m’a contacté un beau matin par mail, qui avait atterri dans mes courriers indesirables. J’ai d’abord cru que c’était un mail automatique, mais il s’est avéré que non. Moralité: toujours vérifier ses courriers indésirables. Le recrutement fut bref. Nous avons fixé un rendez-vous téléphonique deux jours plus tard. L’entretien s’est passé pendant une pause midi entre deux rendus. J’ai été interviewé par la productrice manager de Cinesite,  rejointe par un des Computer Graphic Supervisors. Après un rapide brief du projet de leur part, ils m’ont demandé qu’elles étaient mes experiences passées, et m’ont testé sur des questions techniques. Tous ça dans la bonne humeur et sur un ton plutot décontracté. Pourquoi moi? La chance? 🙂 Je pense qu’ils ont senti que j’étais motivé, que je n’avais pas peur d’apprendre de nouveaux logiciels, et que j’avais déjà fait à la fois du full CG (film de fin d’études à ISART) et du photo-réalisme.


John Carter – Cinesite

IB : Et ça fait quoi de recevoir une réponse positive?

Leila : Lorsque j’ai reçu le mail avec l’offre de  pouvoir travailler sur John Carter, ma mâchoire s’est surement décrochée… J’ai tout de suite accepté l’offre, oubliant de négocier mon salaire (petit conseil pour les jeunes, faites attention car la vie à Londres est bien plus chère qu’à Paris).
J’ai décidé de me rendre à Londres une semaine avant le commencement de mon contrat, afin de trouver un appartement. Sinon je n’ai pas eu grand-chose à me soucier de. Cinesite m’a conseillé une banque pour l’ouverture d’un compte rapidement.
Luc-Ewen : J’étais très excité! Et aussi un peu gêné pour mes collègues français que j’allais abandonner pour aller tater du long metrage…

 

IB : Qu’avez-vous ressenti quand vous êtes arrivés à Londres et au studio?

Leila : Une fois à Londres, je me suis sentie un peu perdue. J’ai eu l’impression de commencer une nouvelle vie à zéro, mais c’était très palpitant !
Et lors de mon premier jour à Cinesite, j’ai scruté les écrans des autres lighters : ce n’est qu’à ce moment là que j’ai réalisé que j’allais travailler sur un gros film ! J’étais fière et en même temps  très anxieuse de participer à un tel projet.
Luc-Ewen : Londres est d’une richesse et d’une diversité incroyable! Au studio, je me suis dit que j’étais une fourmi perdue dans un engrenage titanesque. Puis tu rencontres des gens, tu regardes comment les choses marchent, tu apprends que chaque fourmi est importante et finalement tu trouves ta place.

IB : Et votre travail sur Jonh Carter ?

Leila : A Cinesite, tout comme dans les autres sociétés d’effets spéciaux à Londres, les taches sont répertoriées et divisées en départements (modeling, shading, animation etc..).
Je suis lighting TD, et je m’occupe uniquement du lighting et du look dev d’un certain nombre de plans. Je suis aussi responsable du calcul des passes de rendus de ces plans.
Une fois qu’un plan a été « lighté » et calculé, je crée une pré-Comp dans un soft de compositing (l’addition les différentes pass de lighting et matte painting par exemple) pour ensuite l’envoyer en dailies.
Les dailies sont en fait des réunions internes avec les superviseurs. Elles consistent à discuter de la qualité visuelle d’un lighting d’un plan et des modifications ou améliorations que les Lighting Tds devront effectuer. Cela permet ainsi d’avoir des retours assez fréquents et d’arriver rapidement à un plan fini.
Luc-Ewen :  Je suis en charge du développement visuel et de l’éclairage de véhicules que nous incrustons dans les plans.


John Carter – Cinesite

IB : Et à présent que la production est terminée?

Luc-Ewen : Nous sommes depuis deux mois en compagnie de sympathiques zombies qui cherchent à dévorer Brad Pitt et sa famille (World War Z).

IB : En terme de management, comment cela se passe ?

Leila : Je travaille avec mon Superviseur et mon Lead Lighting. Ils me conseillent et m’aident à trouver le bon équilibre dans mon lighting au niveau de l’intensité, de la colorimétrie, et de la composition lumineuse. Tout en prenant en compte des difficultés techniques.
L’équipe m’a très bien accueilli et a fait le maximum pour me mettre à l’aise.
Cinesite c’est un peu ma deuxième maison maintenant, je passe plus de temps au boulot que chez moi.
J’ai pu apprendre beaucoup au niveau technique et artistique grâce aux multiples échanges avec mes Superviseurs. J’ai affiné mon regard critique, appris à mieux composer avec la lumière pour rendre un plan de camera plus dramatique et à raconter une histoire dans chacun de mes plans.


John Carter – Cinesite

IB : Qu’est-ce qui vous a surpris en arrivant à Cinesite ?

Leila : Le petit déjeuner est offert !  Plus sérieusement le fait qu’il y ait une véritable hiérarchie au sein de Cinesite. Un plan doit passer plusieurs étapes de validation (lead, superviseurs..) avant d’être considéré comme fini (ou presque).
Luc-Ewen : Qu’une publicité faite en France connait exactement les mêmes soucis qu’une super production américaine…

 

IB : Est-ce que c’est enrichissant comme expérience ?

Leila : J’ai rencontré des gens de tout horizon, ils n’hésitent pas à partager leur savoir et leur expériences. J’ai pu  acquérir de nouvelles connaissances auprès d’eux que ce soit dans le domaine artistique ou technique. De plus, les challenges au quotidien permettent de se dépasser et ainsi d’arriver à un niveau qu’on ne pensait jamais atteindre.
Et en vérité pouvoir croiser le réalisateur dans les couloirs en allant chercher son café c’est toujours plus fun !
Luc-Ewen : Londres jouit d’un certain prestige et ne cesse de développer ses activités cinématographiques (il y a beaucoup d’avantage sur les taxes, rendant les productions moins chères qu’aux Etats-Unis). Les opportunités de travailler sur des productions de cette envergure ne se présentent que très rarement en France. C’est très enrichissant de “tester” cette maniere de travailler au moins une fois, quitte à revenir dans la pub plus tard… La vie londonienne est absolument délicieuse et peut convenir à n’importe quel amoureux de découverte. Cette ville est tellement cosmopolite qu’elle ne connait aucune limite culturelle! Je pourrais parler pendant des heures des avantages d’une telle expérience, mais je préfère finir la-dessus: si vous hésitez, c’est que vous devriez déjà foncer!

Pour regarder le projet de fin d’année de Leila “Mémé doit mourir”et de Luc-Ewen “Dérapage” (promo 2010) :