Histoire des FX à la fête de l’animation

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Laurent Menu, Responsable pédagogique de la formation Cinéma – Effets Spéciaux 3D, a tenu une conférence dans le cadre de la Fête du Cinéma d’Animation.
Pendant presque 2h, le public a été scotché par les innombrables extraits de films venant illustrer “l’histoire des effets spéciaux depuis 1895 à nos jours”.

ISART BLOG : Peux-tu te présenter en quelques lignes ?

J’ai 35 ans et ça fait 10 ans que je suis dans le domaine de la 3D. J’ai travaillé dans des sociétés de tailles diverses (de 5 à 300 employés) et dans des domaines divers (jeux vidéo, séries, longs métrages d’animation, effets spéciaux).

 

IB : Qu’est ce qui t’a donné envie de faire des FX ?

J’ai vu la bande démo de BUF quand je faisais mes études d’infographie et ça m’a scotché. Quand j’ai su que c’était une société française, mon objectif a été de travailler pour eux. Après quelques années et chemins détournés, j’ai pu enfin entrer chez BUF et travailler dans le domaine des FX.

IB : Pourquoi avoir choisi de proposer une conférence sur l’histoire des effets spéciaux cette année pour la fête de l’animation ?

Chaque année ISART essaie de proposer de nouveaux événements (atelier flipbook avec des enfants, diffusion de séries de courts métrages, etc.). Cette année on a essayé de faire le lien entre 3D et effets spéciaux.


Jurassic Park

IB : La conférence est-elle un condensé de cours donné aux étudiants de la formation Effets Spéciaux 3D?

En effet, à la base c’était un cours de 6 heures qui avait tendance à faire piquer du nez les étudiants. Du coup j’ai essayé de le réduire à l’essentiel, de le focaliser sur les avancées techniques dans le domaine des effets spéciaux et visuels, et maintenant ça tient en 2 heures.

 

IB : Combien de temps as-tu mis pour la préparer ? et pourquoi as-tu fait ces recherches ?

Ça m’a pris à peu près un mois pour réunir toutes les informations et tous les extraits. Je l’ai fait parce que ce domaine est une passion et lorsqu’on a une passion je pense qu’on s’intéresse à tous ses aspects.

 

IB : Qu’est ce qui te plait dans le fait de partager tout ce savoir ?

L’espoir qu’en transmettant ce savoir, je transmette aussi un peu de ma passion.

 

IB : En substance, quelles sont les 5 dates qui ont marqué, selon toi, l’histoire des effets spéciaux ?

1933 : King Kong
1968 : 2001, l’odyssée de l’Espace
1982 : Tron
1991 : Terminator 2
1993 : Jurassic Park


Jurassic Park

IB : Les effets spéciaux numériques vont-ils un jour totalement occultés les effets spéciaux traditionnels ?

Non, ça n’arrivera pas car il y aura toujours des effets spéciaux traditionnels qui seront moins chers que leur équivalent numérique. A mon avis, ça restera une cohabitation intelligente.

 

IB : A quels métiers forme le cursus Cinéma – Effets Spéciaux 3D ?

Il forme à tous les métiers de la 3D (sauf à la partie Animation pour laquelle il existe un cursus dédié à ISART) : Modélisation, Eclairage / Rendu, Setup et Simulation Dynamique ; ainsi qu’aux métiers en rapport avec le Compositing : Habillage Télé / Motion Graphics, Tracking, Incrustation et Correction colorimétrique.


Classe de 3DVFX
Crédit : Laurent Menu – ISART DIGITAL 

IB : Quels sont les pré-requis pour intégrer la formation ?

Pour intégrer la formation il faut avoir une sacrée dose de motivation car la formation est très dense et se fait en alternance. Cela signifie que nos étudiants alternent des semaines à l’école avec des semaines en stage et qu’ils doivent travailler tous les soirs et les week-ends pour réussir à rendre les devoirs à l’heure. L’alternance est un format formidable mais il demande énormément d’efforts et de volonté.
A ce paramètre « motivation » s’ajoute l’obligation d’avoir déjà utilisé un logiciel de 3D, même à titre personnel, peu importe lequel. La 3D est un univers de passion, nous attendons de nos étudiants qu’ils expriment cette passion avant le jour de la rentrée.

Infos sur les pré-requis demandés en Cinéma – Effets Spéciaux 3D

 

IB : Peux-tu nous donner des exemples illustrés d’exercices que tu demandes à tes étudiants ?

L’année dernière nos étudiants ont modélisé leur double numérique, qui va leur servir cette année à réaliser une cascade virtuelle. Cette année ils ont aussi commencé à modéliser un bâtiment parisien qu’ils vont ensuite faire exploser.

 

IB : Que sait-on réaliser dès la fin de la première année ? et à la fin du cursus ?

Le cursus est en 3 années qui correspondent à 3 modules bien distincts. A la fin de la première année, ils sont capables de tout modéliser (objets, bâtiments, véhicules, animaux, personnages) et d’en faire un rendu photo-réaliste. Ils voient aussi After Effects, un logiciel de compositing plutôt orienté Motion Graphics. A la fin de la deuxième année, ils sont capables de rendre ces modélisations animables (ce qu’on appelle le setup, qui nécessite de voir un peu de programmation) et de faire des simulations dynamiques (feu, fumée, eau, tissu, cheveux, etc.). Ils voient aussi un autre logiciel de compositing, Nuke, qui est plus orienté Effets Spéciaux. Et enfin, à la fin de la troisième année, ils auront appliqué toutes ces connaissances sur différents projets (mêlant 3D et prise de vue réelle), travaillant ainsi en équipes, et mettront la touche finale à leur bande démo, outil indispensable pour trouver du travail dans ce milieu.

 

IB : Comment se porte l’emploi dans le secteur ? Qui recrute et dans quels secteurs ?

Il faut savoir que c’est un petit milieu et que la quantité d’offres d’emploi est très fluctuante. Seuls les meilleurs arriveront à faire carrière. L’international est une bonne option. Par exemple Londres, qui n’est qu’à 1h15 de Paris, est l’un des principaux pôles mondiaux des Effets Spéciaux (comme Los Angeles, le Canada et la Nouvelle Zélande). C’est pourquoi nous donnons aussi des cours d’anglais à nos étudiants, tout au long du cursus, afin de mieux les préparer.

 

IB : Les étudiants trouvent ils facilement des contrats pros ?

Ce n’est jamais facile de trouver un contrat pro. Le plus simple, à mon avis, c’est de commencer par un stage puis, si ça fonctionne bien entre l’entreprise et l’étudiant, de proposer de passer sur un contrat pro qui permettra une relation plus pérenne. Heureusement il y a le service Relations Entreprises à ISART qui épaule nos étudiants dans leurs recherches.

 

IB : Quels conseils donnerais-tu à un jeune qui souhaite travailler dans les effets spéciaux ?

Je lui conseillerais de bien se renseigner sur ce milieu, sur son histoire, sur les entreprises dont c’est l’activité principale, sur les techniques et les outils utilisés actuellement. Il est aussi important de prendre conscience que ce n’est pas un métier facile, car une belle image à l’écran nécessite souvent des mois d’efforts.

 

IB : Si tu étais un film, un jeu, une bd, un personnage, … tu serais …

Ça, ce n’est pas facile… Un film : Retour vers le futur. Un jeu : Professeur Layton. Une BD : Tintin. Un personnage : Emmett Brown.


Photo : Classe de 3DVFX
Crédit : Laurent Menu – ISART DIGITAL